Essais

L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme – Max Weber

Marc Bordier by Marc Bordier /

   Une fois n’est pas coutume, j’ai mis à profit ces deux dernières semaines pour lire un ouvrage de sciences humaines, et plus précisément un livre de sociologie. En l’occurrence, il s’agit d’un classique : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Dans ce court traité paru pour la première fois en 1905, le sociologue allemand Max Weber s’interroge sur les circonstances qui ont conduit à l’apparition du capitalisme moderne dans les sociétés occidentales . Prenant le contre-pied du matérialisme historique marxiste, il affirme que ce sont les formes de croyances spirituelles, et plus précisément l’ascétisme protestant, qui ont déterminé la naissance du capitalisme en tant qu’organisation rationnelle et systématique tournée vers la maximisation du profit. En effet, là où la religion catholique établit une opposition insurmontable entre l’argent et la spiritualité, allant jusqu’à faire de la richesse un obstacle au salut de l’âme ( “il est plus aisé pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille que pour un riche d’entrer dans le royaume de Dieu” – Evangile selon Saint-Marc, X, 25), l’éthique protestante voit dans l’exercice d’un métier en vue de gagner de l’argent un moyen d’accomplir son devoir sur terre et, partant, de contribuer à la gloire de Dieu. C’est la notion luthérienne de la vocation, à laquelle le calvinisme ajoutera la théorie de la prédestination, selon laquelle Dieu a choisi de toute éternité ceux qui auront droit à la grâce et à la vie éternelle. Dans cette vision, notre vie ne dure qu’un moment bref et précieux, au cours duquel l’accomplissement de la volonté de Dieu dans l’exercice d’un métier viendra confirmer notre élection. Dès lors, le travail devient le but même de la vie et  un destin auquel le croyant doit se résigner, un commandement que Dieu fait à l’individu d’œuvrer à la perpétuation de la gloire divine. Dans ce système de pensée, l’accumulation de richesses est non seulement moralement permise, mais effectivement ordonnée et encouragée, et c’est ce qui en a fait le plus grand levier de l’ascension du capitalisme moderne.
    Si vous vous intéressez à l’économie et à l’histoire des idées politiques, je vous recommande vivement la lecture de cet essai. Il a le mérite d’être à la fois clair et court, donc abordable même si vos connaissances en philosophie se sont arrêtées en classe de terminale. Pour aller plus loin, je vous invite également à lire cet article de Scriptoblog, qui montre les limites du raisonnement de Max Weber.