Voyages

Sanary, la “capitale de la littérature allemande”

Marc Bordier by Marc Bordier /

Je rentre de dix jours de vacances à Sanary, sur la Côte d’Azur, où j’ai consacré une bonne partie de mon temps à mon activité favorite : traîner dans les cafés, en particulier ceux du port, Le Nationalet La Marine. J’y ai repéré une plaque commémorative discrète qui rappelle le passé de “Capitale de la littérature allemande” de ce village paisible sur les rives de la Méditerranée. En effet, de 1933 à 1942, Sanary a abrité une colonie d’une cinquantaine d’intellectuels et écrivains allemands fuyant le nazisme, parmi lesquels Bertolt Brecht, Thomas Mann, Lion Feuchtwanger, René Schikelé, Franz Werfel, Hermann Kesten ou Ludwig Marcuse, pour n’en citer que quelques uns. Ils se retrouvaient dans les cafés du port, comme le rappelle Christian Soleil dans cet article où il cite un extrait du livre Le Poète du café (Dichter im Cafe) de Hermann Kesten : “Lorsqu’on vit en exil, le café devient à la fois la maison familiale et la patrie, l’église et le parlement, un désert et un lieu de pèlerinage, le berceau des illusions et le cimetière … En exil, le café devient l’endroit unique où la vie continue …“.
   Malheureusement, cette période paisible n’a duré qu’un temps. Avec l’invasion allemande et l’arrivée au pouvoir du gouvernement de Vichy, les intellectuels allemands de Sanary seront déportés au camp des Milles près d’Aix-en-Provence, ou bien contraints de s’exiler vers d’autres pays plus accueillants. Ils nous ont laissé de leur séjour quelques livres comme La Veuve Bosca (René Schikelé) ou bien Le Diable en France (Lion Feuchtwanger). J’ai déjà commandé ces ouvrages et ferai part de mes impressions de lecture sur ce blog d’ici quelques semaines.